Un copain de promo de l'IEP de Grenoble qui a transformé les pays de l'Est
Comme quoi l'IEP mène bien à tout. Entre la finance et le social, la boucle est bouclée.
Jean-François Ott était à l'IEP avec moi de 1983 à 1986. Je l'ai connu plus intéressé par le commerce que par les études. A l'époque, il cherchait à nous vendre des calençon Coup de Coeur pendant les cours de Pierre Broué (un historien du Troskisme, grand troskiste lui-même!). Je ne savais pas que Jean-François Ott avait tenté l'aventure des pays de l'Est, jusqu'à ce que je lise cet article dans la revue des anciens de l'IEP en 2009.
Je vous laisse prendre connaissance de cet article, qui résume à lui seul le personnage, et l'époque.
Jean-François Ott, 1986 EF (économie et Finances)
Véritable globe trotteur, Jean-François Ott a fondé son propre groupe d’investissement et de promotion immobilière en 1991. Aujourd’hui Orco Property Group c’est près de 3000 salariés, une présence dans une dizaine de pays européens et un patrimoine estimé à 3 milliards d’euros. Des chiffres qui font tourner la tête… mais Jean-François Ott a, quant à lui, bien la tête sur les épaules. Retour sur une ascension fulgurante de Grenoble à Moscou, en passant par Séoul, Paris et Prague.
Véritable globe trotteur, Jean-François Ott a fondé son propre groupe d’investissement et de promotion immobilière en 1991. Aujourd’hui Orco Property Group c’est près de 3000 salariés, une présence dans une dizaine de pays européens et un patrimoine estimé à 3 milliards d’euros. Des chiffres qui font tourner la tête… mais Jean-François Ott a, quant à lui, bien la tête sur les épaules. Retour sur une ascension fulgurante de Grenoble à Moscou, en passant par Séoul, Paris et Prague.
Bureau spacieux, décoration très tendance, grande baie
vitrée, maquette des dernières acquisitions d’Orco…
Bienvenue dans l’antre du « big boss ». Et, accrochée
au mur, une photo. Une bande de jeunes étudiants, visiblement
préparée à faire la fête. Mais qui sont-ils
? « Mes meilleurs amis, mes frères. On est tous de la promo
86 de l’IEP et on ne s’est jamais quitté. ».
En plus de ses amis, Jean-François Ott conserve d’excellents
souvenirs de son passage à Sciences Po.
Ce Picard quitte ses parents, tous deux dans l’éducation nationale, avec un bac ES en poche pour s’installer à Grenoble. « Je n’étais pas un élève brillant, j’ai traversé des périodes de doutes avec la peur de rater ». Il ne ratera pas. Au contraire, à 20 ans, il se lance dans les affaires et décide de sacrifier son prêt étudiant pour monter une petite entreprise de caleçons. Déjà prêt à prendre des risques et à assumer : « dans la vie, on n’a pas besoin de cinquante parachutes ».
Il profite du partenariat de l’IEP avec l’armée pour échapper au service militaire et partir en contrepartie en Corée du Sud. 18 mois difficiles passés sur un chantier de centrale nucléaire. Mais Jean-François Ott encaisse, soutenu par sa femme, une Américaine avec qui il est désormais depuis 22 ans, qui vient vivre avec lui à Séoul.
Ce Picard quitte ses parents, tous deux dans l’éducation nationale, avec un bac ES en poche pour s’installer à Grenoble. « Je n’étais pas un élève brillant, j’ai traversé des périodes de doutes avec la peur de rater ». Il ne ratera pas. Au contraire, à 20 ans, il se lance dans les affaires et décide de sacrifier son prêt étudiant pour monter une petite entreprise de caleçons. Déjà prêt à prendre des risques et à assumer : « dans la vie, on n’a pas besoin de cinquante parachutes ».
Il profite du partenariat de l’IEP avec l’armée pour échapper au service militaire et partir en contrepartie en Corée du Sud. 18 mois difficiles passés sur un chantier de centrale nucléaire. Mais Jean-François Ott encaisse, soutenu par sa femme, une Américaine avec qui il est désormais depuis 22 ans, qui vient vivre avec lui à Séoul.
« La chute du mur m’a estomaqué »
De retour en France, il se tourne vers l’exigeante profession
de trader à la Bourse de Paris. Pendant quatre ans, il mène
une vie bien remplie : « il m’arrivait d’être
au bureau dès 5h30 du matin. C’était une période
d’excès : je sortais beaucoup, je gagnais beaucoup d’argent
et je payais beaucoup d’impôts ! ». La chute du mur
de Berlin est un véritable tournant : « j’ai été
estomaqué. Je venais de découvrir l’Europe de l’Est
alors que je pensais Asie et Etats-Unis ».
En 1991, il prend certainement le plus gros pari de sa carrière : il arrête le métier de trader, prend sa voiture et part à Prague. Passionné d’histoire géographie, l’ancien étudiant de l’IEP découvre une ville meurtrie par le passé communiste, symbolisé par le coup de Prague en 1948. Le coup, justement, Jean-François Ott le sent. Et décide d’acheter son premier immeuble, après avoir longuement étudié le marché immobilier des différentes villes européennes. « Je suis à l’aise pour créer des prix, faire des échelles de comparaisons…un vrai market-maker [« créateur de marché »] !). L’aventure Orco débute. Afin de s’y consacrer pleinement, il emménage avec sa famille à Prague.
Jusqu’à la fin des années 1990, il fait prospérer l’entreprise et devient le plus gros promoteur de la ville. Mais sa soif de conquête n’est pas assouvie. Jean-François Ott se tourne vers d’autres capitales européennes, à commencer par Budapest.
En 1991, il prend certainement le plus gros pari de sa carrière : il arrête le métier de trader, prend sa voiture et part à Prague. Passionné d’histoire géographie, l’ancien étudiant de l’IEP découvre une ville meurtrie par le passé communiste, symbolisé par le coup de Prague en 1948. Le coup, justement, Jean-François Ott le sent. Et décide d’acheter son premier immeuble, après avoir longuement étudié le marché immobilier des différentes villes européennes. « Je suis à l’aise pour créer des prix, faire des échelles de comparaisons…un vrai market-maker [« créateur de marché »] !). L’aventure Orco débute. Afin de s’y consacrer pleinement, il emménage avec sa famille à Prague.
Jusqu’à la fin des années 1990, il fait prospérer l’entreprise et devient le plus gros promoteur de la ville. Mais sa soif de conquête n’est pas assouvie. Jean-François Ott se tourne vers d’autres capitales européennes, à commencer par Budapest.
« Imagine les possibilités »
Deuxième tournant décisif : l’entrée en
bourse d’Orco en 2000. Non sans regret, la famille Ott quitte
les charmes tchèques pour s’installer de nouveau à
Paris. Orco prend une véritable envergure internationale, passe
de 70 à 3000 salariés en seulement huit ans et s’implante
dans plusieurs métropoles de l’Europe de l’Est. Les
activités se diversifient aussi : plus grand propriétaire
privé de Berlin avec un million de m2 en portefeuille, parc d’éoliennes
en Pologne, développement d’une filière sur les
énergies, hôtels de luxe en Croatie… A ce jour, le
groupe Orco a réalisé 126 acquisitions, les dernières
à Moscou. « On essaye d’anticiper sur le marché.
Comme je dis souvent « when it is bad, it is good for us ».
Car quand le marché se porte mal dans une ville, c’est
le moment de faire des affaires ».Ce polyglotte -il parle couramment
l’anglais, l’allemand, le tchèque et possède
des notions de coréen et d’italien- se définit aujourd’hui
comme « un aménageur urbain et un professionnel de l’immobilier
».
En traversant les locaux, on peut lire la devise d’Orco inscrit sur tous les ordinateurs : « Imagine les possibilités ». On en connaît un qui n’a pas fini d’imaginer…
En traversant les locaux, on peut lire la devise d’Orco inscrit sur tous les ordinateurs : « Imagine les possibilités ». On en connaît un qui n’a pas fini d’imaginer…
Pierre Nigay
2009 PO - Journalisme : 2009
2009 PO - Journalisme : 2009
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