Désert d'Atacama, 4 500 m d'altitude

jeudi 21 mai 2015

Pourquoi le ghetto de Prague?

L'histoire du quartier juif de Prague remonte au Moyen-Age lorsque coexistaient deux communautés juives: les Juifs d'Occident d'une part installés autour de la synagogue Vieille Nouvelle, et les Juifs de l'Empire byzantin d'autre part installés sur l'emplacement de l'actuelle synagogue espagnole. Les pogromes (3000 juifs assassinés en 1389), souvent le fait de croisés en route pour la Terre Promise, la discrimination croissante poussèrent les deux communautés à s'unir. Les Juifs furent soumis à des lois discriminantes. Ainsi, au XVIème siècle ils devaient porter un rond, un triangle ou une étoile jaune (c'est de là que ça vient!). Beaucoup de Juifs furent obligés de se convertir au christianisme pour survivre, les synagogues furent brûlées et les gens dépossédés de leurs biens. Les derniers Juifs furent peu à peu enclos dans un ghetto dont les limites correspondent à l'actuel quartier Josefov.

Cette période de répression s'acheva en 1784 lorsque Joseph II accorda aux Juifs l'égalité des droits sociaux et politiques. Le quartier porte son nom en souvenir. En 1850, Josefov fut intégré à la ville de Prague, et en 1895 la municipalité décida d'assainir le quartier juif (mode hausmanienne) et un très grand nombre de maisons furent détruites à l'exception des 6 synagogues, du vieux cimetière et de l'hôtel de ville.

Josefo, le quartier juif de Prague

Les vestiges d'une histoire d'une grande richesse

Le quartier juif de Prague est tout petit par sa taille, mais grand par son intérêt. On peut y visiter le vieux cimetière, la synagogue Vieille Nouvelle, la synagogue Klaus, la synagogue Pinkas et l'ancien hôtel de ville. Ca n'est pas donné, mais il faut absolument y aller!

La synagogue Pinkas

80 000 noms de juifs déportés sur les murs


La synagogue Pinkas, première de la visite, n'a pas d'intérêt architectural particulier. Mais les murs sont recouverts des noms des 80 000 victimes tchécoslovaques de la Shoah. Et ça c'est très impressionnant. Quand vous imaginez que seuls 10% survécurent aux camps, que certaines périrent dans le camp de Térézin, ou ensuite déportés à Auschwitz. Ca fait vraiment froid dans le dos.

Une exposition sur la confrérie des croque-morts juifs de Prague

La confrérie des funérailles était chargée d'accompagner le mourant et sa famille avant et après la mort.

Si vous venez à Prague, ne ratez pas la remarquable exposition les coutumes et traditions juives. De nombreux objets consacrés aux traditions et coutumes juives, expliquent la vie quotidienne des familles et les traditions en rapport avec la naissance, la circoncision, la bar mitzvah, le mariage, le divorce et la famille juive. Une partie du bâtiment est notamment dédiée à la confrérie des funérailles, et ce qui est présenté est passionnant.

Cette confrérie venait visiter le mourant et sa famille et dire toutes les prières pour que les rites de fassent comme il se doit, puis enterrer le défunt selon les coutumes. Je passe sur tous les détails, car c'est très codifié, mais on voit dans l'exposition notamment de splendides objets: peigne et cure-ongle en argent, cassettes pour les dons, vaisselle pour les banquets de la confrérie, etc. 

 

La charité, oeuvre sociale de l'époque

 Le don est encouragé

La charité tient une place essentielle dans l'activité des confréries, car les aumônes collectées permettent de redistribuer aux pauvres, orphelins, veuves, malades, etc. La charité dépasse donc la simple fonction sociale, elle est le fondement du dispositif d'aide sociale de l'époque. L'aumône est aussi importante pour celui qui donne que pour celui qui reçoit, car il accomplit une obligation religieuse qui lui permettra de le protéger de la mort. Aujourd'hui nous avons les CCAS, et figurez-vous qu'on est habilité à y recevoir les dons, même si cela tombe quelque peu en désuétude.


Le cimetière juif de Josefo

Un empilement de tombes


Le cimetière de Josefo donne une impression extraordinaire à chaque visite. Cet empilement de pierres tombales toutes de guingois dans ce cadre de verdure, est impressionnant.
Le cimetière n'a pas été profané. Mais comme on manquait de place, et qu'on ne pouvait profaner une tombe, les juifs de Prague ont été enterrés en couche. Seule la pierre tombale indique combien de personnes sont inhumées. Il peut y avoir jusqu'à 10 étages de corps. C'est ce qui donne au cimetière ce côté vallonné. Il y a plus de 12 000 pierres tombales, mais plus de 20 000 pierres corps sont enterrés dans ce cimetière, qui fonctionna du XIVe au XVIIIe siècle.
Le style des tombes varie selon les époques. Ainsi sur les plus anciennes, les lettres sont en creux. Celles du XVIIe siècle sont fermées. Il y figure souvent des motifs baroques ou rococo.
Sur certaines tombes sont dessinés des figures qui représentent un métier, une descendance, ou un nom. Ainsi à titre d'exemple:
  • le raisin montre l'abondance
  • les mains qui bénissent désignent la tombe d'un descendant de prêtre
  • les animaux désignent un nom (Fischer poisson, Vogel oiseau, Hahn coq)
  • les outils un métier
Certains visiteurs ont écrit des voeux sur des petits bouts de papier et les ont introduit dans l'interstice de pierres tombales les plus anciennes.
J'avais vu le cimetière sous la neige il y a 25 ans. Je l'ai retrouvé dans une végétation débordante et sauvage. Cela avait un charme fou malgré la pluie de Prague.

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