Pour la première fois, j'ai pris le train routier sous la Manche. C'est une façon extraordinaire de rejoindre l'Angleterre. Quand on pense à toutes les guerres, les tentatives d'invasion de part et d'autre, ce depuis des siècles, ce tunnel représente un pas de géant pour l'humanité, et le témoignage que deux peuples peuvent se rencontrer pour construire ensemble de belles choses. C'est en repensant à ces 2 000 ans d'histoire que j'ai effectué la traversé, en compagnie de mes cousins établis à Londre, et j'étais très émue de cette traversée.
Le tunnel sous la Manche est composé de deux tubes parcourus par des trains, et d'un tube de service plus petit, il est long de 50,5 km. Il est exploité par la société franco-britannique Eurotunnel. C'est actuellement le tunnel ayant la section sous-marine la plus longue du monde.
Sa construction a été réalisée par un consortium de cinq entreprises britanniques et cinq françaises de BTP. Il a été inauguré le 6 mai 1994 par le président Mitterand et la reine Elisabeth II et est ouvert depuis le 19 mai 1994 (bientôt 20 ans!). Il permet la traversée des véhicules routiers et de leurs passagers sur des trains adaptés, en environ 35 minutes. La traversée des voyageurs sans véhicule est assurée par des trains Eurostar.
Le tunnel à ses deux extrémités est relié:
- au réseau autoroutier (A16 en France et M20 en Angleterre) et routier
- au réseau de chemin de fer « classique » (pas à grande vitesse) pour les trains de fret et côté britannique pour les
trains Eurostar avant l'ouverture de la LGV britannique
- au réseau de chemin de fer à grande vitesse.
Si la Manche a été pendant plusieurs siècles un rempart pour l'Angleterre et un allié contre l'invasion de l'île, elle a également limité les échanges avec le continent. C’est pourquoi de nombreux ingénieurs ont essayé de créer un lien fixe entre la Grande-Bretagne et le continent. Depuis 1801, des liaisons sous-marines ont été imaginées entre la France et le Royaume-Uni mais les guerres, les problèmes de pression, le relief sous-marin accidenté, ont été autant d’entraves à la réalisation effective du projet. En 1874, la multiplication des tunnels ferroviaires (notamment pour le métro de Londres) rendit envisageable la construction d'un tunnel sous la Manche. Cependant, la Grande dépression et l’influence d’opposants au tunnel côté britannique firent que le projet fut de nouveau abandonné en 1883. Les années qui suivirent les militaires s'opposèrent à la réalisation du tunnel, et les deux guerres mondiales renforcèrent ce point de vue.
La création de la CEE en 1957 permit la relance du projet.
Ce ne fut qu’en 1981 avec le président Mitterrand que le projet fut véritablement relancé. À l'issue du sommet franco-britannique de 1981, un groupe d’experts, fut créé, et se prononça en 1983 pour la construction d'un tunnel ferroviaire. Le projet Eurotunnel, avait un coût estimé à 30 milliards de francs, et fut entériné le 20 janvier 1986 par le premier ministre britannique Margaret Thatcher et le président français François Mitterrand (voyez le bel enfant issu du mariage de la carpe et du lapin!).
La construction du tunnel sous la manche se déroula 1987 et 1993.
Les tunnels ferroviaires furent conçus de telle manière qu'en cas de déraillement, les navettes ne se renversent pas et restent en ligne droite. De même, pour des raisons de sécurité, les galeries ferroviaires furent éclairées par 20 000 luminaires et bordées par un trottoir continu, du côté de la galerie de service, pour assurer l'évacuation éventuelle des voyageurs en tout point.
Un type spécial de TGV fut conçu, adapté au gabarit et à l'alimentation électrique des réseaux qu'il est amené à traverser. Il offre 800 places assises. Sa vitesse est limitée à 300 km/h sur les lignes à grande vitesse et à 160 km/h à l'intérieur du tunnel. Le tunnel sous la Manche est accessible à la plupart des véhicules routiers hors camions (motos, voitures, fourgons, autocars) grâce aux navettes passagers qui circulent en temps normal vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Le voyage se fait tout en douceur, vous ne vous apercevez de rien, et vous voilà en Angleterre. N'est-ce pas merveilleux? Durant la traversée, j'ai montré le dessin animé Astérix chez les Bretons à mes cousins. Et une fois arrivé, la première chose à faire est de s'habituer à rouler à gauche. Et ça n'est pas une mince affaire!
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